EQUIPAGES DANS LA FOURNAISE 1940
René Chambe
Editions Flammarion 1945 EO.
Résumé :
Ce livre a été écrit il y a trois ans (en 1941). Il n'a pu paraître à l'époque funèbre où la France portait au cou un carcan et aux poignets des menottes de fer.
La liberté était morte. Parler ou écrire sur certains sujets était impossible, ou du moins n était possible que dans la mesure où l'on acceptait de collaborer avec l'oppresseur.
Or, j'ai toujours eu le goût d'écrire et de parler seul.
J'ai refusé la collaboration littéraire de l'Allemagne. J'ai refusé, comme j'y fus invité, de retoucher à la manière allemande lescadron de Gironde et Sous le Casque de Cuir, et certains de mes autres livres. Ces livres étaient des livres français tendance. Ils ont été retirés de la vente.
Quant à Equipages dans la fournaise, commencé dès la fin de 1940, j'en ai achevé, puis conservé en silence le manuscrit.
Lorsque je suis parti par l'Espagne, un courrier sûr l'a remis à MM. Flammarion, afin que, même si je ne revenais pas, ils fussent en mesure de le publier le jour où nous aurions libéré la France de ses chaînes.
Ce jour est venu. Le bâillon de la France a été arraché, ses menottes brisées.
Parmi toutes les libertés qu'avec le drapeau tricolore lavé de toute tache nous avons ramenées sur le sol national, nous plaçons au premier rang celle dont l'amour est depuis des siècles le plus profondément enraciné dans le cœur des Français : la liberté d'exprimer sa pensée.
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René Chambe, par ses talents de conteur, tient le lecteur en haleine en lui faisant vivre minute par minute, daprès les rapports de vol et les écoutes au sol, certaines missions aériennes accomplies par des équipages quil a bien connus (il dirigeait les forces aériennes de la 7e armée en 1940).
En janvier, au cours "dun des derniers duels aériens isolés" quasi chevaleresque, un chasseur Curtiss force à atterrir un Dornier de reconnaissance.
Le 16 avril un Bloch de reconnaissance est abattu par les Messerschmitt au retour dun vol sur le Rhin près de Cologne.
Le 12 mai, la douzaine de Bréguet qui constituent la totalité de laviation d'assaut française disponible tente darrêter sur les routes de Belgique, autour de Tongres, les colonnes motorisées allemandes, sur lesquelles plusieurs, abattus par la Flak, sécrasent volontairement : la moitié des appareils ne reviennent pas.
Le 14 mai, ce sont les Amiot, bombardiers de nuit peints en noir et dépourvus de blindage, qui sont sacrifiés en plein jour pour essayer de détruire, à Sedan, les ponts quon na pas fait sauter à temps.
Le 4 juin enfin, à son tour, un Potez de reconnaissance paie sa part de la "lourde rançon pour racheter létat dimpréparation de la France" .
Lamertume de Chambe vient de navoir pas réussi, malgré ses efforts, à convaincre quil fallait à la France une aviation assez moderne et nombreuse pour être à la hauteur des enjeux dune guerre quon a voulue sans sen donner les moyens.
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